Le monde du travail moderne continue de croire que passer de nombreuses heures à travailler est gage d’engagement et de productivité. Même s’il existe beaucoup d’articles sur l’équilibre vie professionnelle/vie personnelle avant la crise sanitaire Covid-19, cette dernière que nous venons de vivre remet le sujet au centre des préoccupations des salariés et des entreprises. Néanmoins dans la pratique, l’hyperconnexion et le surinvestissement professionnel continue à perturber cette quête. Comment y parvenir ?
Parlons sans ambages !
Dans leurs objectifs de développement, les entreprises exercent toujours une certaine pression sur des salariés posant de nombreux défis à ces derniers notamment en termes d’intensité du travail. De ce fait, les contraintes du travail (délais, normes, collègues etc) pèsent de tous leurs poids dans le temps de vie des salariés.
Il n’est pas cependant vrai de dire que les entreprises ne considèrent pas toujours cet enjeu comme primordial, car depuis la crise sanitaire une prise de conscience a été faite dans le monde du travail. En effet, cette crise a amorcé une évolution dans la conception du travail et l’organisation des entreprises. Il faut reconnaitre toutefois que cette évolution est observée presque exclusivement dans les pays dits développés.
C’est tout le contraire dans certains secteurs d’activité dans les pays dits moins développés. Pourtant cette intensité du travail était exclusivement réservée aux ouvriers de l’industrie du passé. À notre époque, nous retrouvons ces mêmes contraintes dans les entreprises de services. Il est très difficile pour les salariés dans ces pays d’envisager un équilibre qui reste illusoire : les demandes à satisfaire immédiatement, les dépendances vis-à-vis des collègues, des normes ou des délais.
Aujourd’hui, le temps de travail des salariés toute catégorie confondue est rythmé non seulement par un contrôle ou suivi informatisé, mais également par les méthodes de management d’un autre temps qui contribuent à renforcer l’intensification.
Nous avons déjà observé dans certaines entreprises que le management se satisfaisait uniquement lorsqu’il voyait des salariés travailler sans relâche dépassant la limite horaire imposée par la législation. L’ignorance des managers qui ont ce style de management est affligeant car l’impact sur la santé mentale et physique est désastreux et visible sur le moyen et long terme.
Dans certains secteurs d’activité, l’exigence de disponibilité même les week-end sur la vie des salariés prend parfois la forme des astreintes particulièrement pour les femmes dans l’industrie et le secteur de la santé.
La disponibilité en tout temps, partout
L’évolution des technologies est sans aucun doute un progrès majeur dans l’automatisation des processus, des méthodes de travail, dans l’organisation du travail et surtout dans la communication. Tout cela contribue largement à une hyperconnectivité. Néanmoins, cette dernière est devenue un vrai problème dans notre monde moderne. Nous vivons une époque inédite. Jamais dans l’histoire de l’humanité nous avons disposé d’autant d’information en simultanée. Pourtant les progrès technologiques nous promettaient plus de temps de loisirs et du temps libre. Un flou en réalité existe entre le temps de travail et le temps personnel si l’on considère que les équipements en outils informatiques mobiles nous facilitent la vie. Nous sommes aujourd’hui plus facilement joignables en tout temps et en tout lieu pour les besoins du travail par téléphone ou par mail. La crise sanitaire laissait augurer une évolution positive dans notre rapport avec le travail. La flexibilité et l’autonomie sont les nouvelles alliées du travail à distance mais il faut reconnaitre qu’il existe un paradoxe relevé par des spécialistes que les salariés nuisent progressivement à leur bien-être.
« Ils préfèrent peut-être travailler de la maison, que ce soit en partie ou en tout temps, mais ils ne regardent pas assez leur bien-être psychologique »
Mélanie Trottier, professeure d’organisation du travail et de ressources humaines à l’École des sciences de la gestion de l’Université du Québec à Montréal (ESG UQAM). Selon elle, cela revient un peu à contribuer à son propre malheur.
Olivier Caya, professeur à l’École de gestion de l’Université de Sherbrooke expliquait dans un article que nous sommes tous devenus dépendant des outils technologiques. La cause est à chercher dans l’invasion du numérique dans nos vies. Nous ne savons plus où donner de la tête tant nous sommes hypnotisés par ses écrans.
La recherche d’un équilibre impossible ?
Les entreprises sans doute ont un rôle à jouer dans la mise en place d’une organisation du temps du travail souple et flexible. De s’assurer que les temps de salariés soient bien utilisés et investis sur des tâches à valeur ajoutée. Les entreprises ont beaucoup à gagner car elles retrouveront des salariés heureux, motivés et plus productifs.
L’équilibre vie professionnelle et vie privée est le compromis idéal entre la vie professionnelle et la vie privée d’une personne. Le work life balance est un concept de vie qui assure le bonheur maximum de l’employé, qui l’aide à fournir un travail productif dans lequel il s’épanouit. L’employeur comme l’employé en sont responsables.
La bonne nouvelle pour les salariés est que le monde du travail est de plus en plus conscient de ce changement qui s’opère inexorablement. De plus en plus d’entreprise sont ouvertes à ce concept du bien-être entre travail et famille ce qui est un levier de communication pour attirer des talents.
Nous ne pouvons pas parler de la responsabilité des entreprises sans évoquer celle des salariés. Ces derniers sont les premiers acteurs de leur vie professionnelle. Chaque salarié doit être conscient de sa responsabilité dans la recherche de cet équilibre sans diminuer l’importance du travail. Pour un bon équilibre, la frontière doit être définie très clairement. La relation entre les deux domaines est importante si la qualité de chacun d’eux est assurée. Il est presque impossible de donner des instructions directes pour un équilibre général car nos systèmes de valeurs sont différents. Devons-nous opposer les deux domaines ou devrions-nous chercher une harmonie entre les deux composantes ?
Nous croyons que les principes de vie sont des guides pour se rapprocher d’un équilibre qui nous sommes conscients s’acquière avec le temps donc avec de la maturité émotionnelle et de la réflexion :
- Faire une analyse profonde de ses rêves, aspirations personnelles et professionnelles
- Le travail n’est pas plus important que la vie de famille qui reste un pilier important d’une vie heureuse
- La vie de famille ne doit pas empiéter de manière continue dans la vie professionnelle ce qui nécessite d’en être conscient et de faire la part des choses
- La santé mentale doit systématiquement être préservée par conséquent aucun travail ne doit conduire à un épuisement professionnel chronique, à l’usure et à l’hypersollicitation
- L’activité physique, une alimentation saine et un bon sommeil peuvent contribuer à apporter un bien-être optimal
- Traiter les autres comme vous souhaiterez que les autres vous traitent pour développer des relations saines
- Accepter avec du recul que la réalité est complexe, qu’il faut pouvoir gérer ses priorités et que l’équilibre est un processus en constante évolution qui nécessite une attention permanente