Il était un petit navire…

À mon niveau plus modeste que le Larousse, la meilleure explication du leadership est celle que j’ai tiré d’une simple blague que presque tout le monde connait sans peut-être avoir établi pour soi un parallèle avec le sujet.

En version courte la blague raconte l’histoire d’un équipage de 10 personnes sur un petit bateau au milieu d’une énorme tempête. Le Capitaine déclare « nous devons absolument alléger le bateau sinon nous allons chavirer, il faut que l’un d’entre nous saute à la mer jusqu’à la fin de l’orage. Mais comme c’est au péril de sa vie, je ne l’impose à personne, je demande un volontaire ». Après quelques instants d’un lourd silence, plouf, quelqu’un a sauté dans l’eau ! Puis des heures de bataille contre les éléments déchainés, la tempête s’achève et au prix de grandes recherches et beaucoup d’efforts on repêche le matelot gorgé d’eau, tuméfié et à moitié-mort. Tout l’équipage, saluant son courage, hurle de joie, le félicite et le proclame héros de cette aventure. Et le matelot répond à mi-voix « merci, merci mes amis, merci beaucoup mais dites-moi, qui m’a poussé ? »

C’est longtemps plus tard que cette blague m’est apparue comme la meilleure illustration de ce qu’est le leadership en entreprise. Il n’y a pas un leader dans cette histoire hilarante, il y en a trois.

Le premier leader est le capitaine bien sûr, il a un titre, c’est un leader institutionnel. Il détient le commandement de manière fonctionnelle : Directeur de ci, Manager de ça ! Mais surtout il détient la solution, il analyse la situation, son expérience et son expertise lui permette de savoir ce qu’il faut faire. Il a une approche pragmatique coûts-bénéfices et choisit l’alternative optimale. Il sait qu’il va falloir risquer la vie d’un membre d’équipage. Mais on remarque bien que ce n’est pas sienne. Lui ne va pas sauter par-dessus bord, il demande un volontaire, parmi les autres… On peut être tenté d’y voir les limites de son leadership mais pas forcément. Car si le capitaine lui-même mourrait, que deviendrait le bateau, les matelots pourraient-ils le gouverner après la tempête ? C’est donc objectivement une bonne solution que ce ne soit pas le capitaine qui saute, ce n’est pas en soi un manque de courage de sa part. C’est un choix assez objectif que la casse en entreprise se passe toujours en bas…

Le deuxième leader est le matelot qui a sauté, celui qu’on repêche, auréolé de la gloire du sauveur. C’est celui qui récolte les lauriers, celui qu’on met sur les podiums, c’est le visage de la réussite. C’est un leader apparent. Il y a derrière lui tout un monde invisible qui a œuvré au succès qu’on lui attribue. Il est la face visible de l’iceberg. Il ne fait que surplomber une masse énorme de faits ensevelis, d’acteurs et d’activités qui le portent à bout de bras et sans lesquels il n’est rien. Comme dans l’histoire c’est quelqu’un qui est souvent groggy, l’avatar d’un autre existant, tout à fait surpris d’être là où il est. Il vit dans la hantise qu’on réalise que sa réputation est surfaite, qu’il est bien moins génial qu’on le prétend et il surfe sur toutes les vagues pour ne pas rater la bonne. On doit chercher dans son entourage un petit nègre besogneux qui est le vrai génie dont ce « leader » n’est que le véhicule visible et le perroquet prétentieux. Ce genre de leader finit inéluctablement par faire de la récupération un mode de survie puisque lui-même n’est pas fécond.

Le troisième leader est peut-être le seul vrai leader et en tout cas le plus indispensable pour moi. C’est celui qui a pris la décision de pousser un de ses copains, incognito mais efficacement. C’est le leader naturel. Celui qui est dans la masse et qui célèbre le produit qu’il a imaginé, mais qui est présenté par son patron. Celui qui est dans la foule et qui applaudit le discours qu’il a écrit pour le boss. C’est un leader invisible, on ne le célèbre pas, d’ailleurs on ne le connait même pas (forcément). C’est lui qui fait les choses. La direction a beau expliquer les orientations, les golden boys ont beau péroré dans les meetings, sans lui tout cela reste un discours, cela ne se réalise pas. Le leader naturel a la capacité de créer une réalité nouvelle, il impacte concrètement son environnement. Il traduit une vision en stratégie et il traduit une stratégie en tâches opérationnelles. Il ne cherche pas la reconnaissance des autres, ou très peu. Son véritable objectif est un résultat. Ce n’est pas le chef de gare, ce n’est pas le conducteur du train, c’est le mécano. Il n’énonce pas les solutions, il n’en fait pas publicité, il règle les problèmes !

Les leaders naturels dans un groupe sont comme l’élite dans un peuple. La vraie élite c’est ceux qui sont capables d’imaginer et de mettre en œuvre des solutions pour les grands défis que rencontre ce peuple. On n’est pas dans l’élite par l’appartenance automatique ou adhésion à un clan auto-proclamé comme tel. On n’est pas un leader naturel parce qu’on est nommé ou choisi, pistonné ou élu, riche ou notable ou que sais-je. Car tous les sangs bleus sont banalement rouges… On est un leader naturel parce qu’on trouve des solutions ou parce qu’on fait partie des solutions.

 

Le spirituel au secours du matériel

Mais comme toujours ma vie en entreprise m’a ramené à ma vie tout-court. Et c’est dans la spiritualité que se trouvent les grandes réponses. Après le Larousse, les analogies et les formations, j’ai fini par décider ce que le leadership veut vraiment dire pour moi.  Et l’axiome c’est la foi, solide, en un Divin Créateur, Initiateur et Régisseur de lois universelles.

Je crois qu’il gouverne le monde, qu’Il détient le pouvoir et qu’Il est Éternel, c’est à dire Maitre du temps. Or le gouvernail donne la direction, le pouvoir possède la force et la VITESSE n’est qu’une dérivée du temps. Direction, Force et Vitesse, on sait ce que c’est. Donc pour le croyant que je suis et par définition, le Créateur est le Leader ultime.

Pour moi, chaque attribut de Dieu est une facette du leadership. Devenir un leader c’est essayer à notre humble échelle humaine (pluri-nanoscopique en comparaison) d’habiter un des attributs divins.

A titre d’exemple celui qui tente d’habiter la Vérité, et qui décide donc unilatéralement de ne plus sortir un seul mensonge de sa bouche, et qui ensuite vit cette promesse au quotidien, devient à terme et nécessairement un leader dans le groupe dans lequel il évolue. Bien sûr il n’est pas possible de réussir mais seulement d’essayer, mais cette seule tentative nous place au-dessus de la mêlée. Et il en de même de la générosité ou de la clémence ou de tout attribut Divin. Celui qui essaie d’habiter un attribut quelconque de manière constante et consistante devient un leader dans son vivier. Le groupe finit toujours par se tourner vers lui comme référent pour régler des problèmes !

Et le vrai défi c’est que pour essayer de porter un attribut divin il faut en supporter au moins 7 autres. Porter la Vérité suppose la Justice, le Courage, la Confiance, la Vigilance, la Fermeté, l’Honneur, l’Équité etc.

 

Qui est vraiment le leader ?

Qui est leader finalement ? ma réponse personnelle a été trouvée quand j’ai compris que l’Entreprise n’est pas un lieu de vie (un de plus), où il faut apprendre les règles d’un leadership normé et contextuel, non ! l’Entreprise fait partie de la vie tout-court.

La vie est un tout, la vie est partout. Les valeurs dans l’entreprise doivent être les mêmes que les valeurs hors de l’Entreprise. Ce sont des valeurs humaines tout simplement, ce sont des valeurs du Divin. Tous les groupes constitués librement, du mariage à la nation, rencontrent des problèmes, et les leaders sont ceux qui règlent les problèmes.

Mes anciens collaborateurs se rappelleront certainement le speech que je leur faisais et qui dans ma tête tenait lieu d’ersatz de formation (accélérée et gratuite) en leadership. Alors qu’ils m’attendaient sur le terreau fertile de leur BAC +5, High-Tech, hyper-management et sur le terrain galvanisant de l’expertise, de la compétence, de l’innovation, moi je leur servais une soupe froide du genre « je ne sais pas ce qu’est un bon ingénieur. Je n’en ai aucune idée ! Mais je sais ce qu’est un Homme Bon. En ce qui me concerne, si vous voulez être des bons équipiers, vous devez être bons pour votre conjoint, bons pour vos familles, vos quartiers, bons pour votre communauté, bons pour votre pays et votre peuple. Alors vous aurez, peut-être, une chance de devenir de bons Ingénieurs »

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Auteur.e

CxO, ICT Stratégist

CxO, ICT Strategist – Telco-Fintech-FMCG-GOV. Il est passionné par la réflexion sur la Renaissance Africaine.

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