Dans le contexte africain, il s’y ajoute souvent la gentille petite cerise mystique… Et si on parlait de ton meilleur ennemi qui a décidé d’en finir avec ta race en te jetant un sort ? Oui, celui qui s’est renseigné sur ton état civil, le nom de tes parents et de tes aïeux, tes fréquentations, ta couleur préférée et groupe sanguin, qui a mené une enquête approfondie sur ton chien, ton chat et tes gouts culinaires. Il a aussi consulté le who is who-toxique (Qui est qui) pour dénicher le féticheur ultime qui va te régler ton compte. Bien sûr, les voisins et les clients l’appellent Grand Marabout, mais un marabout ça aide à grandir en spiritualité et en piété, non ? Par contre, celui qui fait des heures-sup pour liquider les types qui te gênent (au seul motif qu’ils te gênent d’ailleurs), on va appeler ça un sorcier… Et il n’y a pas une seule brousse où ton collègue toxique ne va pas chercher le charlatan qui va broyer ta face d’intello. Et il y met le prix, tout son salaire y passe hélas, mais ça te balance des obus, des bombes et des missiles comme en 40. Parce que tu le vaux bien…
To be or not to be, toxic?
Mais alors pourquoi ne pas sécréter avec 20 ans de retard nos propres armes toxiques pour nous défendre en entreprise ? pourquoi ne pas s’acheter une mitraillette et se chercher un marabout tout simplement, même sur le tard ? Parce que la BONTE est tellement BELLE que lorsqu’on l’a rencontrée un jour au détour de ses chemins elle devient une amie inséparable et un viatique indispensable. On ne veut plus la lâcher d’une semelle. On ne peut plus aller de l’autre côté. On ne peut plus s’autoriser à devenir soi-même toxique !!! Et je disais un jour à un de mes CEO (toxique de chez to-xi-que), je lui disais en démissionnant « I am leaving this company to Save my Soul » ! (Je quitte cette entreprise pour sauver mon âme)
Et spécifiquement dans le deuxième exemple avec les cambrioleurs, il faut comprendre que les collègues toxiques peuvent (1) s’approprier notre travail et nos idées (voler nos biens) ou (2) détériorer nos relations avec les autres, abimer notre réputation (voler les appareils électroniques) mais (3) ils ne peuvent PAS nous enlever nos qualités personnelles (ça c’est du mobilier lourd !). Quand on nous pousse vers la sortie, nous partons avec nos qualités intrinsèques pour rebondir, redémarrer autre chose ailleurs ! En laissant souvent derrière nous certains bons compères que des contraintes socio-professionnelles aigues empêchent légitimement de partir. Refroidis, éteints, désabusés, placardisés ou nécrosés par les basses manœuvres et les hautes manigances dont ils ont fait l’objet, l’entreprise traine comme des boulets des gens qui ont pourtant tout le potentiel d’en être des forces vives.
Alors presque tous les deux ans, je quitte un fauteuil de bosseur obtus et un peu-beaucoup innocent pour céder la place à un vampire qui possède une mitraillette dernier cri. Et qui vient toute honte bue récolter ce qu’il n’a pas semé.
Et pour trouver le prochain job, j’ai immanquablement en face de moi, en interview, un DRH bardé de diplômes ronflants, multivitaminé, qui connait ma vie mieux que moi-même pour avoir parcouru mon CV 5mins au petit déjeuner, entre deux tartines. Et qui décide péremptoire et confiant dans ses propres brillantes conclusions que « ce monsieur est trop INSTABLE, il ne sait pas ce qu’il cherche, il ne sait pas ce qu’il veut ». Rassuré de son intelligence supérieure il peut s’étirer dans son fauteuil orthopédique de Super-Manager-Éclairé et passer au candidat suivant, hélas sans coller le Post-it qu’il aurait dû mettre sur mon CV en chemin pour sa poubelle chromée « pas assez toxique pour survivre dans mon entreprise ». NEXT ! Encore un DRH qui n’a pas compris que son travail n’est pas de publier le Code d’Éthique, son travail est de le promouvoir, et pour commencer, de le vivre!
Donc les petits naïfs comme moi ne trouvent souvent du travail que lorsqu’il y a le feu quelque part et que personne ne veut aller se brûler. Puisque souvent les experts-commandants-de-sous-marins-torpilleurs sont viscéralement incompétents, ils ne manqueront nulle occasion de créer des incendies. On nous recrute alors illico et on nous envoie au front pour tout remettre en ordre, et dès que Verdun reverdit, « ouste, dehors, on emmène les copains », rebelote. Je suis une sorte de mise à jour androïde du tirailleur sénégalais dans le Corporate…
Et bien entendu la solution personnelle est de finir par s’essayer à l’entreprenariat, pour chercher la maitrise de son destin. Échanger la paix de la sécurité de l’emploi par la Paix du Cœur, une aventure, épique, la recherche de sa propre voie, aérienne, sur un fil tendu dans le vide, avec un pendule minuscule nommé Éthique, un diplôme gratuit nommé Consultant, en s’essayant aux techniques de survie dans le multivers parallèle dit des « affaires ».
Comme un arrière-gout de pisse en steerco
Finalement, comme dit maman « il faut de tout pour faire un monde », alors même si ce texte peut sembler amer, il n’a aucune prétention moralisatrice. Le monde est ce qu’il est. Les gens sont ce qu’ils sont. Et je suis ce que je suis. Par la divine providence et par la justice immanente, nous finissons tous par recevoir le salaire explicite de nos bonnes actions et la facture détaillée de nos mauvaises œuvres. Car la vie, elle, trouve toujours le moyen de régler ses comptes avec chacun, tôt ou tard. La vie, elle, nous donne des moments de bonheur intense pour recharger les batteries et continuer de nous battre pour nos familles. Et au total, la vie est belle !
Pas de remords, pas de regrets, juste des choix à faire à chaque carrefour, pour avancer !
Comme tant d’autres dans la vie de l’entreprise, je ne suis surement pas une victime, loin de là, je me la joue plutôt rédacteur d’un livre dont je suis le héros… Au lieu d’encaisser des séries B écrites par des ploucs, j’ai choisi le bonheur d’écrire moi-même le scénario. Mon parcours chaotique est un choix de vie. Et en cela je suis inébranlablement STABLE dans mon système de valeur et mes principes de vie. Alors à mes anciens collègues toxiques, je vous dis « Bien le Bonjour »… Merci à vous d’avoir contribué à me donner du respect pour moi-même !